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At the heart of it all

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"[...] la sorcière est l'image poétique d'un héritage qui nous revient à tous - je crois que c'est terriblement vrai. Cet héritage cependant parle à travers la terre et l'esprit, et c'est le cas aujourd'hui tel que cela le fut dans le passé. Nous devons chercher cet héritage dans les sources et parmi les bosquets, dans les grottes et à travers le monde sauvage. C'est là, dans les espaces les plus primaux de la Nature que cet héritage se trouve - pas dans les fédérations, ni dans la condamnation sociale ou l'exaltation, ni encore dans les querelles ou les croyances. L'Art résonne de la voix pure de la nature, et cette dernière parle au sang et pousse à être sage dans sa quête de la paix."

~ Nicholas de Mattos Frisvold
Traduction personnelle



[Verhaxt !] Fumigations traditionnelles pour se purifier et se protéger

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Ca faisait longtemps, non ? Pour la peine, j'inaugure une nouvelle section sur ce blog, consacrée à mes explorations des pratiques traditionnelles, du folklore populaire ou plus spécifiquement sorcier et des hauts-lieux d'énergie d'Alsace (et j'y glisserai peut-être même ma recette de spätzle si vous êtes sages). Yaura de l'histoire, mais aussi de l'UPG, cela va sans dire.
Je voulais créer un blog entier sur la question, mais force est de constater que je manque de temps - et puis tout avoir à un seul endroit, c'est bien pratique en fin de compte. Alors voilà, "Verhaxt !", un mot qui signifie "ensorcelé" en dialecte, et que ma grand-mère, cette sainte femme, grommelle entre ses dents à chaque fois qu'elle égare ses lunettes ou sa télécommande. Installez-vous près du feu et ouvrez grand vos oreilles :)


J’ai trouvé mention de fumigations dans l’ouvrage “traditions médicinales et remèdes populaires du Sundgau”, de Jean Martin Meyer. C’est une de mes techniques de purification favorite et trouver de nouvelles recettes à expérimenter, avec des ressources locales, ne peut que me réjouir.

L’auteur évoque tout d’abord l’utilisation des bouquets de buis bénis au moment de la messe des Rameaux. Ceux-ci, accrochés dans ou devant la maison, sont reconnus pour leurs vertus protectrices contre les mauvais sorts, la maladie, la foudre et l’incendie (j’approfondirai la question des bouquets de Rameaux dans un article plus tard, ce sera aussi l’occasion de m’étendre sur le buis que j’utilise pour la protection justement). Plus en lien avec notre sujet, on conseille de les brûler pour protéger le foyer en cas de grêle ou d’orage ; la fumée de ces bouquets est également réputée guérir les enfants ayant des problèmes oculaires et protéger les mères des mauvais sorts et des maladies. Les rameaux de l’année passée sont aussi brûlés, tout simplement, pour faire place neuve et pour être remplacés par de nouveau bouquets.

Plus loin, Meyer mentionne trois plantes que l’on brûle traditionnellement pour protéger et purifier et qui seront certainement loin d’ être inconnues aux praticiens de “magie verte” : genévrier, millepertuis, houx. Si le genévrier et le millepertuis font partie des “classiques” que j’affectionne, j’ai fait la connaissance du houx cet été, en travaillant sur l’ogham qui lui est lié. Je ne l’ai pas encore utilisé en fumigation mais cette trouvaille m’ouvre de nouveaux champs d’expérimentation.

[Verhaxt !] Le temps des Veillées

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Ecrit le 21 octobre 2014.


Le 21 octobre, on fête la Sainte Ursule sur le calendrier. Ursule fait partie de ces saintes chrétiennes qui m’inspirent. Son nom, qui signifie “petite ourse”, me la rend particulièrement sympathique. Y aurait-il un lien avec une déesse ourse, ou liée à l’ours, plus ancienne ? Je n’en sais rien, n’ayant trouvé aucune source fiable à ce sujet, mais pourquoi pas :-) D’autres pistes païennes ont en revanche été explorées, j’en parlerai plus loin.

 Sainte Ursule et ses compagnes dans une nef, Musée de l’Oeuvre Notre-Dame, Strasbourg

Qui est Ursule ? Princesse chrétienne d’origine bretonne, on dit qu’elle fut martyrisée, en compagnie d’autres vierges, par les Huns, pour avoir refusé d’épouser un de leurs chefs. Ses compagnes étaient au nombre de 10 dans certains récits, et jusqu’à 11 000 dans d’autres ! D’après mes recherches, c’est une sainte importante dans tout le bassin rhénan, dans le nord de la France et aux Pays-Bas ; elle est notamment la patronne de Cologne, en Allemagne. On la représente vêtue d’un manteau miraculeux qui aurait la capacité de protéger de tout mal. Elle est aussi souvent accompagnée de flèche(s) et d’un bateau, parfois de lampes ou de torches.

En me tâtant pour écrire à son sujet, fouillant deci-delà, j’ai aussi découvert qu’elle était patronne des instituteurs, ce qui m’a tout naturellement fait sourire puisque instit’, c’est mon métier “moldu”, et que j’ai pas mal réfléchi récemment à son lien avec mon travail spirituel. Bref, merci les synchronicités ! Elle est aussi la protectrice des jeunes filles et la patronne des drapiers.

Oskar Schade, élève de Jakob Grimm, s’est penché sur Ursule dans son écrit “Die Sage von der heiligen Ursula und den elftausend Jungfrauen. Ein Beitrag zur Sagenforschung” ; il soupçonne l’existence d’un lien entre Ursule et certaines divinités du panthéon germanique ancien. Son voyage en bateau la rapprocherait de Nehalennia ; mais Schade penche aussi pour une parenté avec Berchta (ou Holda). En effet, Ursule est patronne des drapiers, et donc reliée aux travaux du fil – au passage, drapiers rhénans qui, au Moyen-Âge, travaillent essentiellement à la réalisation de voiles pour la marine… Donnant ainsi sens aux deux rapprochements.

Un de mes ouvrages sur le folklore alsacien cite un proverbe qui vient apporter un peu d’eau au moulin …

"Im Weinmonat... Ursulsspindel"
[Au mois des vendanges… Quenouille d’Ursule]

La Sainte-Ursule aurait, d’après ce même ouvrage, marqué traditionnellement l’entrée, au moment des dernières récoltes, dans le temps des veillées. Pour les femmes, il s’agissait alors de se consacrer essentiellement aux travaux du fil, comme le souligne la mention de la quenouille d’Ursule… Rappelant effectivement la personnalité de Berchta/Holda (selon les lieux), voire même de Frigg, qu’on retrouve sous le nom de Frija dans certaines légendes locales.

Mon esprit s’emballe, il y aurait beaucoup à dire sur ces veillées et sur le travail du fil, quelques légendes de sorcières et de fées à raconter et bien des liens à tisser avec des divinités et des coutumes plus anciennes… Mais je garde ça au chaud pour de prochains articles qui verront le jour pendant la période sombre. En attendant, je m’en vais servir un petit verre à Berchta, allumer une bougie à Ursule, et ressortir mon matériel à broder pour entrer, moi aussi, dans le temps des veillées :-)

[Verhaxt !] Sel de protection à la violette

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Jean Martin Meyer, dans son recueil de “traditions médicinales et remèdes populaires du Sundgau”, évoque la bénédiction du sel par le prêtre le jour de la Trinité. Ce sel serait ensuite utilisé à titre préventif ou curatif dans de nombreuses affections, et notamment pour contrer les attaques de démons et de sorciers.

Le jour de la Trinité est une fête catholique célébré le dimanche suivant la Pentecôte, soit huit semaines après Pâques (ce qui nous amène à fin-mai ou début-juin), et qui “a pour but de rendre un culte solennel à Dieu en exaltant sa nature divine unique mais distincte en ses trois personnes (le Père, le Fils et le Saint-Esprit).” [merci Wiki !].

Je ne suis pas de culture catholique et encore moins pratiquante de cette religion, mais la préparation de ce sel m’intrigue car Meyer indique qu’il est béni dans un récipient recouvert de violettes, fleurs dont un des noms populaires est “herbe de la Trinité”, en alsacien “Dreifaltigkeit Blueme”. Je n’arrive pas pour le moment à trouver pourquoi la violette est ainsi nommée. Mais je trouve intéressant de me pencher sur ses vertus magiques qui pourront  certainement être utiles à ceux qui passeront par là !

Pour moi, la violette, bien que d’apparence modeste et douce, est une fleur à forte identité vénusienne, parfaite pour attirer l’amour avec son odeur enivrante, sa couleur délicate et ses pétales en forme de cœurs. Scott Cunningham conseille d’ailleurs de la mélanger à la lavande pour stimuler l’amour et la sexualité. Ailleurs (?), j’ai lu que c’est une fleur à porter sur soi pour se remettre d’une rupture amoureuse et/ou pour rencontrer sa moitié.

Néanmoins, ses nombreuses vertus thérapeutiques en font aussi (voire surtout) par association une importante herbe de guérison et de protection. Cunningham mentionne sa capacité à protéger du “mauvais oeil”. Elle protège les blessures (physiques mais aussi mentales, émotionnelles, comme dans le cas de la rupture mentionnée plus haut) et les aide à guérir. Comme d’autres fleurs de couleur violette (je pense notamment à la lavande ou à l’hysope mais il y en a sans doute d’autres), je trouve qu’elle apporte la paix, la sérénité, et une forme de “pureté”, d’innocence qui la caractérise tout particulièrement. Elle allège l’esprit et le cœur et pour cela me semble bien indiquée pour des travaux de purification et de protection du foyer (habitants et lieu). Pas nécessairement pour un “gros décrassage” mais plutôt bien indiquée pour apporter une atmosphère “cosy” et une sensation de douceur au quotidien. A tester.

Toujours est-il que je ne sais pas si cette tradition d’allier sel et violettes est propre à l’église catholique, ou héritée de pratiques traditionnelles relevant d’avantage du folklore local ou de la magie populaire. Mais en attendant d’en savoir plus, rien ne nous empêche d’aller cueillir la violette au printemps prochain et de faire usage de ses qualités protectrices et guérisseuses qui ne sont visiblement pas à prouver.

Des Mystères et de la Joie

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"Toute pensée mystique est basée sur un principe majeur : la réalisation de la vérité, comme opposée à l'illusion. L'étudiant des "mystères" est avant tout un chercheur de vérité, ou, comme l'ont désigné les anciennes traditions, de "Sagesse". La magie n'est qu'un effet secondaire de la quête de vérité, et détient une position inférieure à cette dernière. La magie, qui est le développement total de la volonté, est un produit de l'Âme dans sa recherche ultime de la connaissance.Elle émerge donc après coup, d'un cheminement bien plus vaste : force perçue en tâchant d'atteindre un but bien plus important dans l'exploration du soi, il faut être capable de l'appréhender. Aucune vérité ésotérique sincère ne peut être écrite ou formatée dans un cadre de pensée. La vérité, à ce degré, ne peut être sujette à quelque pensée empirique, elle devient seulement visible à l'individu observateur, et à ceux qui suivent un chemin similaire dans la perception. 

A travers toute l'histoire de l'humanité, il y a eu des mythes, des écoles de pensée et des maîtres qui ont montré la voie pour atteindre une connaissance opérative de la pensée ésotérique et de la philosophie, en utilisant davantage l'inférence que la méthode directe pour enseigner quelque approche de la vérité cosmique. Le choix du secret de ces Maîtres n'a rien à voir avec une quelconque préservation des Mystères, puisque tout ce qui peut être dit à leur sujet a déjà été retranscrit dans le folklore, dans les mythes et les légendes. Ce qui n'est pas délivré, c'est leur explication.

Il a été reconnu que ces légendes, ces rituels et ces mythes ont constitué des routes traversant les nombreuses couches de la conscience jusqu'à cette zone de l'esprit où l'âme peut exister dans sa totalité. Ils sont, ainsi que les enseignements et les disciplines qui les accompagnent, ce que l'Occident décrit comme Mystères. Les Mystères sont, par essence, des moyens pour l'homme de percevoir sa propre divinité inhérente."

~ Extrait de The Craft Today, par Robert Cochrane
Traduction et adaptation personnelles

[Verhaxt !] La petite année

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Entre Noël et l'Epiphanie, en Alsace, s'écoule un temps qu'on désigne comme "les 12 jours", ou "12 nuits", ou encore "la petite année" (s'kleine Johr). Dans les milieux néo-païens, les pratiquants nordisants ou les personnes s'intéressant au paganisme d'origine germano-scandinave seront certainement déjà familiers des douze jours de Yule ; il semble assez évident que les traditions que je vais évoquer y sont rattachées, même si elles ont prospéré dans une Alsace christianisée depuis bien longtemps.

Du beau monde en balade

Pendant ces douze jours, on craignait plus que jamais la Horde Sauvage, ou Armée Sauvage (Wüetig Heer, Wüetis Heer, Wildi Heer, Wildi Jagd), qui se montrait particulièrement agitée et menaçante pour le monde des humains à ce moment-là de l'année. Menée par celui qu'on appelait "Huperi" (Hubert, comme le saint patron des chasseurs), elle était constituée d'âmes damnées, de guerriers morts sur le champ de bataille, de chevaux et de chiens qu'on entendait hurler de loin. Portés par le vent, Le bruit du cor et le "hudada !" sonore de son meneur terrifiaient petits et grands. Malheur à ceux qui se trouvaient sur leur chemin ! Pour l'anecdote, le Père Huperi était du genre tata Yoyo : toujours coiffé d'un grand chapeau, d'une lourde cape sombre, mais avec surtout un oeil en moins. Toute ressemblance toussa toussa :)

D'après un de mes recueils de légendes locales, l'habitude de préparer des petits gâteaux en forme d'animaux ou encore au miel (les fameux Bredele) serait née - au moins en partie - du désir d'apaiser cette Chasse Sauvage. Les gâteaux prenaient la forme des esprits sauvages que les hommes voulaient se concilier, et servaient d'offrandes appréciées par la horde. Le miel, symbole solaire, panacée pour l'homme du passé, avait une fonction de protection contre la maladie, mais évoquait également l'espoir dans le retour du soleil. Honnêtement, je n'ai pas trouvé jusqu'ici d'autres références à ce sujet, mais j'avoue que cela m'inspire beaucoup, et ce que je constate, c'est que les Bredele maison sont TRES appréciés en offrande !

Toi aussi, viens faire du cheval

 Du beau monde, mais aussi des tabous

A côté de cela, on évoque souvent la visite de Berchta pendant ces 12 jours, afin de vérifier si les foyers sont bien tenus, et surtout si certains tabous sont respectés ; il était en effet formellement interdit de procéder à des travaux de couture, broderie, filage (un jour, je me fendrai d'un article sur la Grande Fileuse pour approfondir tout ça)... Et même, à certains endroits, de laver le linge pendant ces douze jours. Ce dernier tabou m'évoque étrangement les récits des Lavandières du Gué qu'on retrouve en Bretagne (Washer at the Ford en terre anglo-saxonne, Salige Frauen en terre germanique) ; j'ose intuiter qu'il était certainement considéré comme de mauvais augure de laver le linge de la famille à ce moment de l'année, puisque, selon la légende, lorsque la Lavandière se met au travail, elle lave le linge de celui qui va mourir...

Il était également vu d'un mauvais œil de consommer des légumes secs pendant ces douze jours. J'ai pu lire qu'on les accusait de provoquer des maladies de peau, des ulcères... Mais je me demande  personnellement s'il ne s'agit pas plutôt d'une superstition liée aux fantômes et aux morts une fois encore (c'est Books of Dante qui m'a mis cette idée en tête grâce à ce superbe article) ; les haricots sont fréquemment liés à la mort dans les superstitions... A côté de cela, les lentilles sont aussi symbole de richesse et utilisées en magie populaire comme telles, peut-être que se gaver de légumes secs avant le 6 janvier risquait d'attirer la pauvreté sur le foyer... ? Les pistes de réflexion sont nombreuses !

Un temps de divination

Dès la nuit de Noël, on était attentif à divers signes qui annonçaient l'année à venir :

* Traditionnellement, au moment de la Sainte-Barbe (le 4 décembre), on cueillait une branche d'arbre fruitier (cerisier notamment) qu'on plaçait dans l'eau ; si la branche venait à fleurir au moment de Noël, cela annonçait abondance et bonheur pour l'année à venir. Pour ma part, avant d'en trouver mention dans divers ouvrages, j'ai découvert cette tradition en Alsace du Nord il y a quelques années, où elle est encore pratiquée.
* La météo durant les douze jours était abondamment commentée : si le temps était pluvieux, on annonçait de mauvaises récoltes pour l'année à venir.
* Chaque jour de la petite année correspondait à un mois de l'année à venir : ce qui se passait alors durant chaque journée pouvait annoncer ce qui se passerait au cours du mois correspondant.
* On utilisait des oignons pour prédire les tendances météorologiques de l'année : 12 oignons pelés, ou 12 pelures selon ce qui est rapporté, étaient placés sur une planche en bois ; on les couvraient de sel et on observait : si le sel fondait sur les pelures, ou selon la quantité d'eau rendu par l'oignon, on pouvait savoir si tel mois de l'année allait être pluvieux.
* Les jeunes filles qui cherchaient un époux couvraient également un oignon de sel, dans l'espoir de voir apparaître le visage de leur futur bien-aimé sur le bulbe.
* La nuit de Nouvel An, dans une partie du sud de l'Alsace, on préparait des brioches dont chacune représentait un membre de la famille. Si la brioche éclatait à la cuisson,cela pouvait annoncer la mort ou la maladie pour la personne représentée.
* La première personne rencontrée le 1er janvier permet aussi de prédire l'avenir ; si une femme rencontre l'homme qu'elle aime, l'année sera fertile ; si c'est une femme, elle aura un enfant.
* A la fin des 12 jours, au moment de l’Épiphanie, on pratiquait également la divination par le plomb fondu pour en savoir plus sur l'année à venir. Cette tradition était également courante la nuit de la Saint-André, le 30 novembre, c'est-à-dire au tout début de l'Avent.


Sources :
La tradition alsacienne, tomes 3, 4 et 5, par Raymond Matzen, Richard Schneider, Lucien Sittler et A.M. Burg
Traditions médicinales et remèdes populaires du Sundgau, Jean Martin Meyer
Transmission orale

Et pour en savoir plus sur le Noël alsacien, on rend visite à Breven ! :)

Le séneçon : ancrage, protection et voyage

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Mais si, vous l’avez déjà vu. Sous ce nom se cache une des plantes les plus communes qui soient. « Mauvaise herbe » reine, on la croise en ville comme en campagne, de préférence sur des sols riches et souvent laissés en friche. Le séneçon commun est un envahisseur : avec ses akènes blancs portés par le vent (il peut produire plusieurs milliers de fruits par an !), il est capable de coloniser bien des terres, et on le retrouve un peu partout autour du monde. Une fois installé, il s’impose de manière pugnace face aux autres plantes. Il n’est pas rare de le voir fleurir pendant l’automne ou l’hiver, et sa floraison est particulièrement robuste.

Séneçon des oiseaux, image trouvée sur : http://www.after-plastie.com
  
Séneçon vient du latin « senex » qui signifie « vieillard », clin d’œil à sa touffe de « poils » blancs. On le trouve également sous le nom de séneçon vulgaire, commun, des oiseaux, herbe à la chardonnerette, aux coitrons ; j'évoquerai également son cousin le séneçon jacobée, fleur de Saint-Roch, de Saint-Jacques ou encore de Notre-Dame, qui, bien que botaniquement proche du séneçon des oiseaux, a des traits spécifiques, y compris en magie.

Je me souviens étant gamine d’avoir fait des bouquets de ces fleurs jaunes, sans bien savoir si je les trouvais belles ou pas. Leur allure était trop rustique pour que ça fasse l’effet « bouquet de mariée » recherché, mais il fallait bien faire avec ce qu’on trouvait, et au final, j’étais quand même toujours bien fière de mes créations florales. Dans la pelouse de l’école où je travaille, elles résistent bien mieux que les pâquerettes aux piétinements des petits monstres : au mois de septembre, certaines de mes élèves m’en ont cueillies suffisamment pour remplir ma tasse à café, et ce matin, les mêmes ont à nouveau réussi à mettre la main sur quelques fleurs. C’est ce qui m’a rappelé que j’avais un article en préparation à son sujet depuis l’été passé.

Venons en donc au fait. Séneçon et sorcellerie. Honnêtement, je ne me serais jamais penchée dessus si dans un de mes ouvrages sur le folklore alsacien je n’avais trouvé mention du séneçon des oiseaux comme plante utilisée traditionnellement pour la protection et les exorcismes. « Quoi ? ça ? » Bah oui, fallait bien que le paysan moyen trouve de quoi faire dans le pré d’à côté. Et moi, fallait que je revois mes préjugés. Et puis surtout que je m’attache, comme j’en avais émis le vœu, à mieux connaître les "ressources" locales et les esprits des simples. Alors allons-y pour le séneçon.

La plante apparaît dans la pharmacopée populaire comme remèdes aux hémorroïdes, aux troubles menstruels, aux furoncles, aux rhumatismes, aux contusions, aux problèmes intestinaux (vers notamment)… Vu la palette d’utilisations possibles en matière médicinale, il paraît évident que cette modeste fleur constituait un allié familier rassurant pour quelqu’un en quête de protection ou de guérison psychique, émotionnelle ou physique. Pline parle de certaines pratiques magiques de son époque : La plante était supposée "capable de se charger des maux qu'elle était censée guérir et de les déposer dans la terre si on l'y replantait" (Guy Ducourthial, Flore magique et astrologique de l'Antiquité). Si commune, si résistante, si envahissante, indomptable, elle m’apparaît comme une plante qui ne craint rien, mais avec beaucoup de tranquillité. Un bouclier qui passe inaperçu, mais reste bien campé sur ses racines lorsqu’il s’agit de lutter. Pas facile à aborder, honnêtement, la dame (jacobée ou des oiseaux) est restée muette un bon moment. Mais elle a fini par me révéler quelques petits secrets qui parlaient beaucoup d’ancrage, de confiance et de pugnacité sereine.

Le séneçon n’est pas qu’une plante de protection ou de guérison. Une de ses caractéristiques est de contenir des alcaloïdes (ce qui fait qu’elle n’est quasiment plus utilisée actuellement en herboristerie). C’est peut-être ce qui lui a donné la réputation de servir de moyen de transport pour les sorcières et les êtres féériques, au point d’être évoqué comme tel jusque dans un poème de Ted Hugues :

"Once was every woman the witch
To ride a weed the ragwort road:
Devil to so whatever she would:
Each rosebud, every old bitch.[…]"

Ted Hughes, "Witche"

On trouve mention de cet usage en Ecosse, en Irlande, mais aussi en Allemagne, et certainement en d’autres lieux. Il s’agit là toutefois seulement du séneçon jacobée, qui fut, d’après mes recherches, également utilisé dans des filtres d’amour au cours du Moyen-Âge.

 Séneçon jacobée, image trouvée sur www.randonature.ch

Les seules correspondances que j’ai pu trouvées présentent le séneçon comme associé à Vénus et à l’eau. Personnellement, je trouve ces associations relativement pertinentes pour le séneçon jacobée, auquel je trouve une identité féminine assez prononcée - et bien sûr pour son action sur les troubles menstruels. Mais le séneçon des oiseaux me semble  beaucoup plus saturnien, et franchement associé à la terre. En vérité, les deux dégagent des énergies complexes, d’abord imperceptibles (même fuyantes), puis qui se révèlent petit à petit. Ce sont clairement des plantes sorcières, avec le tempérament qui va avec ^^ mais le jacobée évoque davantage la jeunesse et la séduction, tandis que le séneçon des oiseaux m’inspire plus l’image de la vieille « hag » : il me rappelle le pissenlit, en moins souterrain.

Alors que faire avec lui, une fois qu’on a un peu « apprivoisé » le séneçon ? Quelques idées en vrac, qui pourront peut-être vous inspirer : 

* Un talisman pour la protection, pour la guérison, pour avancer dans une démarche ou un projet avec assurance, pour se libérer d'un sentiment d'entrave ou d'influences néfastes. A remettre à la terre une fois les épreuves traversées et la situation stabilisée.
* Un ingrédient d'oreiller magique pour favoriser les voyages, en toute protection.
* Un ingrédient d’encens : pour favoriser le voyage, mais aussi la communication avec les esprits (je ne pense pas tellement aux morts en écrivant ça, pour davantage aux esprits de la nature, animaux, plantes... Aux esprits de "la Haie" en somme). Pour purifier un espace, un objet, des personnes... Tout en favorisant l'ancrage.
* Une infusion qu'on pourra utiliser pour nettoyer un espace, un objet, avant ou après un travail ayant trait à la guérison, à la protection ou encore un voyage au tambour. 

Plus qu'avec d'autres plantes, je conseillerais un travail préalable pour faire connaissance avec le séneçon avant tout usage magique. J'ai eu plusieurs fois l'impression d'être testée, même tournée en bourrique, avant d'entamer une relation de confiance mutuelle qui puisse donner lieu à des travaux plus poussés - bien sûr, il s'agit d'une expérience personnelle, à vous de vous forger la vôtre. Le mieux comme toujours pour cela est d'aller passer du temps dans la verdure... Vivement le printemps :)


Sources : 






Préparer Imbolc

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Ou la Chandeleur, ou le Jour de la Marmotte, ou… Up to you. Pour partager des suggestions rituelles, on verra plus tard si je suis inspirée – c’est rarement le cas, car le 1erfévrier n’est généralement pas le moment de la roue de l’année qui m’inspire le plus, et je reste très classique dans mes célébrations (lumière, Brigid, crêpes, gnôle, Pogues). Néanmoins, cette année je ressens le besoin d’un grand bol d’air (et d’un bon coup de pied au cul) et Imbolc étant LE sabbat de la purification, hors de question de rater mon coup. Et puis je manque de lumière comme rarement, alors je compte bien en célébrer le retour comme il se doit :)

Que faire en attendant le grand jour ?

* Faire le plein de bougies, pour les bénir et les consacrer lors du rituel d’Imbolc. 

* Faire le plein d’eau de source ou d’eau de pluie (ou de neige fondue) pour son grand ménage du petit printemps.

* Réfléchir à ses dédications de l’année : dans certaines traditions wiccanes, on choisit une divinité tutélaire pour les 13 lunes à venir. C’est le cas dans la wicca dianique, et même si ma pratique actuelle déborde largement de ce cadre, c’est une habitude que j’aime respecter depuis quelques années déjà, qui me permet d’approfondir mes relations au Divin mais aussi plus prosaïquement d’avancer dans des domaines bien précis de ma vie. La divinité « choisie » (j’ai toujours un doute sur qui choisit qui dans cette affaire) agit comme un guide pendant toute l’année et je suis toujours impressionnée au moment du bilan l’année suivante par les formes que peut prendre cette guidance. Par ailleurs, Imbolc représente aussi le moment où, plus généralement, je m’engage formellement dans de nouvelles explorations spirituelles ou sorcières.

* S’exercer au pranayama, c’est-à-dire aux techniques respiratoires enseignées dans le yoga, et ce plusieurs fois par jour lors de courtes sessions, pour réveiller l'organisme et faire circuler le prana : je pense notamment à la technique de Bhastrika, le « soufflet de la forge », qui me semble tout à fait indiqué pour éveiller et entretenir le feu sacré de Brigid ! C’est une technique puissante, qui purifie, réchauffe, éclaircit l’esprit et énergise considérablement. On dit qu'elle active l'éveil de la Kundalini, alors attention si vous êtes débutants, c'est vraiment costaud... Mais terriblement efficace ! Un lien en français à consulter pour en savoir plus et une vidéo en anglais sur le sujet

* Travailler avec le bouleau : dans la tradition Apple Branch, le mois de Beth, ogham du bouleau, débute à la prochaine nouvelle lune, c’est-à-dire ce mardi. Dans le calendrier fixe élaboré par Robert Graves, il se terminera déjà pour céder la place au sorbier (Luis). Pour ma part, je me fie à la première configuration et le bouleau, arbre des nouveaux départs et de la purification, sera donc mon compagnon pour Imbolc. Ce sera le moment d’aller par monts et par vaux pour aller à sa rencontre, et de faire le plein de ses fins branchages pour fabriquer différents outils : balai rituel, « goupillon » pour asperger de l’eau consacrée, "fouet" (je vois d'ici les sourcils se lever ^^) à utiliser dans des rites de purification et de fécondité comme ce fut le cas au temps des Lupercales, qui ont aussi lieu au mois de février, ou que sais-je encore … Mais on pourra aussi tout simplement méditer sur le symbole de l’ogham ou, pourquoi pas, créer un sigil personnel qui lui sera dédié et qu’on conservera sur son autel pour contacter les énergies de l’arbre. C'est un arbre merveilleux, profondément magique, si vous n'avez jamais pris le temps de le connaître mieux, c'est vraiment le moment parfait pour le faire.

As de coupes du Anna K Tarot, photo personnelle. 
Cette lame synthétise pour moi tout l'esprit de ce moment de l'année.
* Se purifier par un jeûn, par des bains, des fumigations… : en somme, se préparer pleinement à accueillir le retour de la lumière (et l’orgie de crêpes aussi, ça va de soi :p) en se dégageant du superflu. La lune noire qui approche pourra être l’occasion de bannir les énergies stagnantes et de préparer une eau de cologne ou encore un encens qu’on pourra utiliser pour Imbolc et pour les jours qui suivent afin de prolonger cette action. Pour nettoyer le corps physique, pensez à l’infusion de pissenlit (qui ne va guère tarder à pointer le bout de son nez dans nos jardins)  ou encore de bouleau (autant rester thématique ^^). Le romarin est également indiqué pour nettoyer le foie ;  de plus, il clarifie la pensée et stimule les activités mentales, la réflexion, l'inspiration, la mémoire... Je le trouve donc bien adapté pour accompagner la montée d'énergies d'Imbolc. En médecine chinoise, drainer le foie permet de rendre la vue plus claire... Je pense que cette considération est tout aussi valable sur des plans plus subtils, alors nettoyons nos organismes pour encore mieux affiner et affirmer nos visions de la période claire :)

Voilà pour l'essentiel de mon programme les prochains jours. Rien de fou en somme mais assez pour me remettre en selle après quelques mois de semi-léthargie ;) 

Et un petit coup de Pogues, même s'ils ne sont pas du genre à drainer leur foie :p

De la lecture en français :
Un rituel dianique qu'il est bien 
Des rituels pas dianiques tout aussi bien 
Sur l'ogham du bouleau

[Sels de bain] Attiser les énergies solaires - Laurier, angélique, camomille

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Voici une petite recette de sels de bain toute simple pour accompagner mes préparations d'Imbolc cette année. Le manque de lumière se fait cruellement sentir et cette formule, ainsi que les gestes qui l'accompagnent, chassent quelque peu la déprime hivernale et les démons qui lui tiennent compagnie, et éclaircissent l'âme et l'esprit.

Ingrédients : 
- 250g de gros sel de mer
- Une vingtaine de feuilles de laurier, réduites en petits morceaux
- Environ 20g de racine d'angélique en petits morceaux
- Environ 30g de fleurs de camomille

Cette quantité suffit pour prendre trois bains. 

J'ai pas mal hésité sur les plantes à utiliser : cannelle, citron, orange, millepertuis, romarin ... Le choix de plantes solaires ne manque pas. Mais j'ai eu envie de laisser de côté épices et agrumes qui m'évoquent trop Yule ; le millepertuis et le romarin se retrouvent quant à eux dans mon encens et dans l'huile dont je me oins. Le trio camomille, angélique et laurier forme un ensemble doux et vivifiant à la fois, m'évoquant le plaisir d'une journée hivernale ensoleillée. Ce sont de bonnes protectrices et elles attirent la guérison physique, ce qui n'est pas non plus négligeable.


Je prends soin de me laver avant de faire couler l'eau du bain rituel. Une fois la baignoire remplie et fumante et les sels mêlés aux plantes déversés dans l'eau, j'ajoute également un ingrédient dont j'explore les vertus depuis l'été passé : un petit verre d'alcool de rue, trouvé dans une épicerie en Italie, et qui me sert autant pour la purification que pour certaines offrandes, ou lorsqu'il m'arrive de trinquer avec les Dieux. J'arrive au bout de la bouteille mais je me lancerai très certainement dans la réalisation d'une teinture de rue l'été prochain, car mes expérimentations sont franchement concluantes, j'en reparlerai le moment venu.

Après avoir macéré dans l'eau pendant une vingtaine de minutes au moins, je sors du bain sans me rincer, afin d'emporter avec moi les bons effets des plantes. Je me laisse sécher naturellement, puis je brûle un peu d'encens solaire (de l'oliban fera parfaitement l'affaire) en offrande, et je termine par mon petit rituel quotidien du moment : en m'enduisant la zone du coeur, du hara et la nuque avec de l'huile de millepertuis que j'ai préparé l'été dernier (pour faire la vôtre, rien de plus simple). Comme l'a suggéré une amie, l'huile de sésame pourrait aussi être une superbe alliée.

J'aime beaucoup chanter le Gayatri Mantra quand je travaille avec le soleil. Mais Imbolc pointant le bout de son nez, j'ai aussi traduit courant de semaine un extrait du Carmina Gadelica, que j'utiliserai demain pour mes ablutions :

Salut à toi, toi soleil des saisons,
Alors que tu traverses le ciel au-dessus de nous ;
Tes pas sont sûrs sur l'aile des cieux,
Tu es la mère glorieuse des étoiles.

Tu te couches dans l'océan destructeur
Sans faiblesse et sans peur ;
Tu te lèves sur la crête paisible des vagues
Telle une royale fille en fleur.

Je vous invite aussi à lire la vieille prière au soleil partagée par Pholiane, pour laquelle j'ai eu un véritable coup de cœur et qui me semble tout à fait adaptée à la période :)

Les plantes de Saturne

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Au cours de la période sombre passée, j'ai commencé un travail de longue haleine sur les correspondances planétaires des plantes. Au début de mon parcours magique/sorcier, j'avais tendance à voir les correspondances proposées dans les livres comme de formidables boîtes à outils, sans vraiment les remettre en question - même s'il m'arrivait de lever un sourcil l'une ou l'autre fois. Puis au fil du temps, mes ressentis se sont affinés, mes lectures se sont multipliées, j'ai commencé à tisser des liens instinctifs entre diverses choses, pour forger mes propres correspondances, inspirées bien sûr de tout ce qui a été fait par d'autres que moi ... J'ai mis beaucoup de temps à m'intéresser à l'influence planétaire car elle me semblait trop teintée de haute magie ; à présent que j'ai pigé quelques trucs en théorie des signatures, et qu'ils commencent à faire sens dans mes expériences, j'ai eu envie de m'y plonger davantage et surtout de structurer tout ça.

Plus que simples outils pour bidouiller des sorts ou des potions, les correspondances m'apparaissent désormais comme de véritables métaphores, des artifices poétiques qui m'ouvrent davantage les yeux sur le monde, me rendent consciente de ses subtilités et m'initient à ses mystères.  C'est assez difficile à décrire, mais je vous encourage vivement à lire la trilogie "Pharmako" de Dale Pendell, qui tient autant de l’œuvre poétique que d'un travail ethnobotanique et magique de grande qualité, pour mieux comprendre où je veux en venir :)

Ce premier article est donc le fruit de mes recherches et de mes réflexions sur Saturne, et les plantes qui lui sont associées. Il s'agit plutôt de prise de notes, qui seront certainement amenées à évoluer encore dans le temps.

Daniel Schulke

Saturne est le « grand enseignant » des astrologues. Ses leçons sont relatives à la responsabilité, à la maturité, aux schémas qui se répètent et aux moyens d’arrêter leur répétition. Il est le Père Temps, mais aussi le faucheur, celui qui permet la génération et la persistance, mais aussi le renouvellement par la mort. Il est également le dieu de la préservation de soi, de la sécurité.

Pour les Grecs anciens, Kronos apportait paix intérieur et introspection. Mais pour Eliphas Levi, les travaux en lien avec Saturne sont ceux de la mort et de la malédiction. Pour d’autres auteurs encore, Saturne est aussi une planète d’intellect et de contemplation, la planète de la « compréhension », associée à la sephirah de Binah dans l’arbre kabbalistique. Pour les contemplatifs, ceux qui se tournent vers leur vie intérieure, spirituelle, une vie de réclusion, Saturne est un allié. 

Des mots-clés : associé à la notion de propriété, de lois, de bases, aux os (particulièrement aux genoux), aux dents, à l’agriculture et aux cycles. Stabilité, transactions, vies antérieures, esprits, mort, morale, recommencement. Ethique personnelle, auto-discipline, karma, responsabilités, guérison. Energies chthoniennes. Travail avec la mort, la rancœur, la vengeance. Malédiction et protection. Remise à zéro. Cycle fructification-récolte-repos de la terre.

Son action : agissant lentement et en profondeur, Saturne a la capacité de structurer, de soutenir, mais aussi de lier, d'assécher, de ralentir jusqu'à stopper un processus.

Traits caractéristiques des plantes : poussent lentement, grasses, aux tiges et bois durs, persistantes, invasives, qui prennent vie dans des endroits secs et froids, plutôt hostiles aux autres plantes, aimant l’ombre ; pétales de couleur pâle ou particulièrement sombre ; racines épaisses, nombreuses graines, souvent psychoactives, narcotiques, sédatives, toxiques. Voire mortelles, même à petite dose. Odeurs âcres, boisées, terreuses, entêtantes. 

Plantes associées : pavot, cyprès, if, fumeterre, racine de valériane, hellébore, bryone, solanacées (belladone, tabac, datura, mandragore, jusquiame, morelle noire, mais aussi tomate, pomme de terre, aubergine, piments), chanvre, lierre, prunellier, sureau, molène, arbres à feuillages persistants comme le pin, le sapin, le houx, ou encore le gui. Ipomée, violette.

Cette liste est non exhaustive – j’ai choisi d’y répertorier des plantes que j’ai déjà côtoyées, qui me semble pertinentes dans le cadre d’un travail avec Saturne, et qui sont simples à trouver sous nos latitudes (que ce soit dans son jardin, dans la nature, ou via boutique en ligne). Par ailleurs, l’identité d’une plante ne se résume pas à une association planétaire ; cette association met en éclairage certains aspects de la plante – et certains aspects de la planète ! – de manière plus efficace que de longs discours, c’est du moins ce que je crois. Les correspondances sont là pour élargir le champ des pratiques, pas pour le restreindre !

Résines : asafoetida, opoponax, myrrhe
Jour de la semaine : samedi
Métal : plomb
Partie des plantes : racine
Eléments : terre et air
Couleur : noir, bleu nuit, violet, brun, gris
Minéraux associés : obsidienne, tourmaline noire, quartz fumé
Animaux associés : bouc, animaux à cornes en général, cheval, corbeau, reptiles, charognards
Arcanes du tarot : l’Hermite, la Mort, le Monde, le Diable, la suite de pentacles, 3 d’épées, 8 de coupes, 10 de bâtons. 

Expérience personnelle : pour le bannissement, pour mettre fin aux schémas répétitifs, pour un travail d’introspection, pour explorer l’inconscient, aller à la racine des choses, à la compréhension au-delà des images et des mots. Faire table rase, puis établir des bases solides pour un projet.

En lien avec la Mère sombre et dévoreuse, ultime pourvoyeuse de sagesse, mais aussi avec le grand Initiateur. J’y ai relié des aspects de Dionysos ou d’Odin que j’ai pu rencontrer, mais surtout de Hekate, de Holda, de Cerridwen ou encore de Perséphone. Homme noir du Sabbat et Reine des Sorcières. Caïn et Awân.

Au cours de mes travaux, j’ai pu observer que les plantes de Saturne, notamment les toxiques, peuvent parfois agir comme des sirènes ; elles ont un aspect vénéneux et narcotique très séducteur, très envahissant, rampant, qui nous aide à aller plus loin dans nos mondes intérieurs, à explorer les folklores humains comme nos propres rêves, à nous connecter à certains esprits, notamment chthoniens… mais à travers  ces explorations on peut aisément toucher le fond ou dévier de sa route avant même de s’en rendre compte. Avec elles, on plonge au cœur de nos angoisses, de nos phobies, on se détache de toute notion d’espace-temps conventionnel, de toute appréhension de la réalité ; on saute à pieds joints dans l’Abysse… et on court le risque d’y rester coincé au lieu de le traverser. Est-ce vraiment ce qu’on désire ? 

Je crois qu’il s’agit des étapes indispensables dans tout travail initiatique, mis sur notre route pour forger notre expérience, notre regard, et notre capacité à rester silencieux, solitaire, humble et observateur attentif et minutieux, apte à déjouer les illusions. Pour passer au travers de ces étapes, il est important d’être au clair ou tout au moins de s’interroger sur ses intentions, sur ses limites,  avant même de travailler avec ces plantes. Taire son ego et savoir écouter le Murmure derrière les murmures, qui guide à travers l'obscurité. Rester ancré, patient, organisé, travailler dans l’autodiscipline et la rigueur, d’autres apprentissages de Saturne sous ses aspects les plus "terre-à-terre" qu’il convient de ne pas négliger pour tirer le maximum de l’exploration des énergies de cette planète. Humilité (oui, encore !), silence et lenteur ne seront pas de trop pour aborder cette exploration. 

Je n’encourage en aucun cas l’absorption de psychotropes ; la recherche de sensations fortes n’est, je crois, pas une vertu saturnienne ! Observer la plante dans son milieu naturel, passer du temps auprès d’elle, même en portant simplement sur soi une amulette ou en en conservant une sur son autel (amulette de préférence réalisée par soi-même), avec conscience et respect, est amplement suffisant pour apprendre d’elle.

Ressources :
             Formulaire de Haute Magie, P.V. Piobb
       Herbal Magick, Judith Hawkins-Tillirson
       Encyclopedia of Magical Herbs, Scott Cunningham
       The Master Book of Herbalism, Paul Beyerl
       Travaux personnels

Revêtir les manteaux d'Ombre et de Lumière

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Pratique extraite du "Viridarium Umbris" de Daniel Schulke, que j'étudie en ce moment. J'aurais voulu l'introduire par un "cette pratique sert à ça, et à ça, et à ça" plutôt que de le balancer sans préambule, mais impossible de trouver les mots. Lisez, voyez si ça vous parle, et, le cas échéant... Expérimentez :)

Traduction et adaptation personnelles

A la lumière de la Lune, lorsque celle-ci est pleine et à son zénith, assieds-toi sous un arbre aux nombreuses branches, ou au cœur d’un buisson formant un abri au-dessus de ta tête, de sorte que sous la radiance de la flamme lunaire l’ombre des limbes sylvestres soit projetée sur le sol. On peut également procéder pendant les heures du jour, en un lieu où solitude et silence sont préservés. Fixe ton attention sur l’ombre des branches et sur la lumière qui se glisse entre elles et parvient jusqu’au sol ; par la fascination, lie-les dans l’œil de l’Âme. Ferme les portes sensorielles à tout stimuli, si ce n’est à ce buisson fait d’ombre ; laisse son mouvement t’emplir complètement à travers la vue, l’ouïe, la pensée, et toute autre voie de médiation charnelle. Contemple ces motifs multiples, en transformation constante,  qui sont avant tout des reflets dans le Miroir de la nature, creux et sans substance ; mais  qui sont aussi des apparitions solides de la nullité. A travers tous tes moyens de perception, pénètre dans ce buisson d’ombre, jusqu’à ce que toutes les Branches de l’Obscurité soient tissées autour de toi, et que l’aperçu de leur forme terrestre ait diminué. Une fois l’œil de Vision entièrement encerclé par ces branches d’ombre, rassemble leur infinité autour de toi comme un manteau pour couvrir ton corps, et prononce une fois le mot AHADARATH. Puis, afin de  faire réduire à nouveau le buisson, et pour réouvrir graduellement les portes des sens corporels, retourne à la pleine conscience. A travers l’ensemble de cette action, la Robe du Buisson d’Ombre est revêtue, et la requête présentée devant l’Ange de la Porte Fermée. Par ces moyens mis en œuvre, on pourra pénétrer le Jardin de l’Oubli , ce lieu de dépouillement du connu, ou y consigner du pouvoir.


                                                                                                                  Bas-relief assyrien

Par des voies similaires, détourne à présent tes yeux de l’ombre pour les diriger vers les branches vivantes de l’arbre, celui qui est reconnu comme solide et substantiel. Laisse ta vision embrasser les entrelacs de branches et de brindilles, et enveloppe-toi de la lumière qui les illumine. Entre dans le Buisson de Lumière, par les mêmes moyens que tu es entré dans le Buisson d’Ombre et laisse ton regard se frayer un passage entre Intérieur et Extérieur, de sorte que le Buisson Illuminé soit comme enflammé, le mouvement de ses branches radiant de splendeur. Puis rassemble autour de toi ce manteau de lumière en murmurant le mot AZHAMATHA. A travers cela, le Manteau du Buisson Lumineux est revêtu, et la requête déposée devant l’Ange de la Porte Ouverte. Puisse ainsi le Sage faire bonne mesure devant le Jardin Illuminé, ce Lieu de Révélation, ou devant tout pouvoir qui, par les bonnes grâces des Kerubim, lui sera offert depuis ce lieu.

Rituel de purification avec Ereshkigal

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A réaliser en lune noire. 

Se vêtir avec les accessoires suivants (ou similaires) : Une robe aisée à retirer, un bague, un collier, une ceinture, un pectoral, une couronne, des bracelets. Prévoir un assez grand espace rituel, Avec l'autel au centre, orienté vers le nord. 

Sur l'autel : représentations d'Ereshkigal (nom en cunéiforme, image, dessin d'yeux, sigil...), deux bougies noires, outils rituels habituels (représentations des éléments, athamé, calice, pentacle ...), offrandes (roses sombres, vin, miel...), une coupe contenant de l'eau lustrale, deux arcanes du Tarot : l'Arcane Sans Nom et l'Etoile. 

Purifier l'espace à la sauge, à l'eau et au sel. Tracer le cercle de la manière habituelle. Allumer les bougies d'autel, le charbon pour l'encens, verser le vin dans le calice. 

Appeler les quarts, en visualisant à chaque direction le moment de la journée correspondant (Est-Aube, Sud-Midi, Ouest-coucher du soleil, Nord-Minuit). Une fois l'élément Terre invoqué, prendre le temps, en respirant profondément, de visualiser un lieu désert, la nuit, une nuit sans lune avec un ciel empli d'étoiles, Vénus brillant fortement au firmament [idéalement bien sûr, ce rite sera conduit en extérieur sous la véritable voûte étoilée :) ]. Éprouver profondément la solitude, le silence, se connecter à son intériorité et à ses propres ténèbres, être pleinement dans l'instant. Une fois cet état atteint, exprimer l'intention du rituel, en élevant les mains en coupe au-dessus de soi :

L'Etoile n'est rien sans l'Obscurité.
C'est en errant dans l'Abysse

que je connaîtrai ma Volonté ...
Ereshkigal
Reine aux lèvres blafardes
Terrible et Pure Dame du Monde Souterrain
J'invoque ton nom !
Puisses-tu m'accueillir en ton royaume
De poussière et de silence.
Puisses-tu poser sur moi
L'Oeil de la Mort.
Puisses-tu anéantir avec Ton regard
Tous les lambeaux de ce Je qui n'est pas Moi
Et qui entravent ma véritable Essence...
Qu'il en soit ainsi !

Commencer alors à marcher d'un pas lourd, en traçant une spirale sinistrogyre qui se terminera face à l'autel, tout en visualisant sa propre descente dans le monde souterrain. Tous les cinq pas, s'arrêter et retirer un élément de sa tenue, en prononçant tour à tour les paroles suivantes :

De ma tête, je retire ma couronne
Car tels sont les rites du monde souterrain

De mon cou, je retire mes perles

Car tels sont les rites du monde souterrain

De mes hanches, je retire ma ceinture
Car tels sont les rites du monde souterrain

De ma poitrine, je retire mon pectoral
Car tels sont les rites du monde souterrain

De mon doigt, je retire mon anneau
Car tels sont les rites du monde souterrain

De mes poignets et de mes chevilles, je retire mes bracelets
Car tels sont les rites du monde souterrain

De mon corps, je retire ma robe
Car tels sont les rites du monde souterrain

Arriver devant l'autel entièrement nue. S'agenouiller en contemplation, faire brûler de l'encens et prononcer les paroles suivantes :

Ainsi dépouillée,
Je me présente devant ton trône,
Maîtresse d'Irkalla.
Pose à présent sur moi l'Oeil de la Mort.
Dis contre moi le Mot de Colère.
Prononce contre moi le cri de la Culpabilité.

Prendre le calice en main :

Puisses-tu accueillir dans la coupe sacrée
De tes entrailles livides
Toute parcelle de mon être illusoire
Que je t'offre en sacrifice.

Se piquer le bout du doigt et laisser couler quelques gouttes de sang dans le calice. Les yeux fermés, parfaitement immobile, visualiser tout son être se dissoudre dans la coupe. Laisser partir ainsi tout ce qui doit mourir, ou est déjà mort, et que l'on porte comme un poids. Si des larmes doivent couler, les offrir dans la coupe. Laisser le processus toucher à sa fin de lui-même, lorsque le moment se fera ressentir. Prononcer alors les remerciements à la Déesse :

Je t'ai offert ma putréfaction,
Ô Mère Stérile,
Et Tu m'as accueilli dans Tes bras
Froids et caressants,
M'offrant Ton baiser
Destructeur et aimant.
Mon être ainsi défait
Détruit en Ton nom
Retrouve la liberté
De devenir l'Autre qu'il a toujours été.

Garder le silence aussi longtemps que nécessaire. Puis procéder aux offrandes (pétales de roses, miel, chant, musique, danse...) : 

Puisse Ta sagesse être chantée !
Puisse Ton pouvoir être honoré !
Ereshkigal,
Reine des terres arides et silencieuses !
A présent je T'offre mon amour et ma dévotion.
Que mes chants chaque jour réjouissent Ta face obscure
Que mes offrandes en tout instant contentent Ton cœur d'obsidienne.

Temps de repos, de contemplation, de dévotion. Puis, se préparer à la renaissance, se mettre debout devant l'autel, oindre chaque chakra d'eau lustrale, en commençant par le chakra racine. Remonter jusqu'au troisième œil, en visualisant ses chakras s'illuminer, un à un, voir la lumière monter jusqu'au chakra couronne. Reposer la coupe d'eau lustrale. 

 Dire : 

De Ta matrice, Ereshkigal, je renais. [Placer les mains en triangle devant la vulve]
De la Terre Sombre d'Irkalla renaît l'Etoile. [Placer les mains en triangle devant le troisième œil] 

Visualiser sa remontée en entamant une spirale dextrogyre jusqu'à parvenir au nord du cercle.

Renvoyer les quarts et ouvrir le cercle.


Préparer de l'eau guérisseuse avec une sphère de cristal

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Extrait de "a deed without a name", de Lee Morgan
Traduction et adaptation personnelles

Cette tradition de préparer de l'eau guérisseuse à l'aide d'un cristal sphérique est attestée au Pays de Galles et en Irlande. Il s'agit d'un exemple de sort de guérison qu'on pourra rapprocher des traditions de faerie-doctoring [ndlt : les faery doctors sont des guérisseurs traditionnels spécialisés dans le traitement de maux supposés d'origine féérique] et de rupture de sorts, avec une approche plus douce que dans des cas d'exorcisme ou de lutte avec les esprits. La sphère en cristal était déposée dans une bassine d'eau et le charme suivant était prononcé :

Ô toi pierre de la Nuit et de la Clarté
Laisse moi te plonger dans l'eau.
Dans l'eau tirée de la source pure, ou tirée de la vague,
Au nom de Notre Dame
Et des Mères de ma lignée,
Au nom du Maître de la Magie
Et des Maîtres-hommes.
Bénédictions sur l'eau claire et pure !
Guérison de tous maux physiques
Pour l'homme comme pour la bête !

L'eau pouvait alors guérir et chasser tout mal. Cependant, si l'on utilisait une sphère appartenant à autrui, ou si l'on devait rentrer chez soi avec l'eau préparée par autrui, certaines règles s'appliquaient. La personne venant chercher le cristal pour procéder à la préparation, ou l'eau déjà prête, ne devait en aucun cas parler, s'asseoir, ou entrer dans la maison du propriétaire de la sphère ou du préparateur. Elle devait également rentrer chez elle en veillant à ne pas être dehors après le coucher du soleil. Ces interdits nous disent beaucoup au sujet de l'opération en elle-même. Comme dans le faerie-doctoring, le soleil est important, ainsi que le respect du silence - on rapporte les remèdes du faerie-doctor chez soi sans prononcer le moindre mot. L'eau préparée à partir de cette formule traditionnelle pouvait aussi être utilisée pour nettoyer un espace de toute influence maligne.

A deed without a name - Lee Morgan

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Remettre la main sur ma traduction du rite de préparation d'eau guérisseuse m'a rappelé l'envie que j'avais de présenter le livre dont il est extrait : "A deed without a name - Unearthing the legacy of traditional witchcraft". Il s'agit du premier livre de Lee Morgan,  paru en 2012. 

Qu'est-ce que la traditional witchcraft - sorcellerie traditionnelle - présentée dans cet ouvrage ? Ici, on parle avant tout d'un courant d'origine britannique, associé entre autres aux noms de Robert Cochrane, Evan John Jones ou encore, plus récemment, à Andrew Chumbley, Daniel Schulke ou Robin Artisson - qui sont d'ailleurs tous cités par Lee Morgan dans son livre. Les pratiques contemporaines qui se revendiquent de cette sorcellerie traditionnelle s'enracinent dans le folklore de la Grande-Bretagne, dans le contact avec sa terre et les énergies qui l'habitent, mais elles puisent aussi leur inspiration dans les rapports des procès de sorcellerie ; le contact avec les esprits et les ancêtres, la marque de la sorcière, le voyage entre les mondes, la symbolique de la Haie ou du Carrefour, l'iconographie du sabbat et l'initiation par l'Homme Noir ou la Reine des Sorcières... sont autant de motifs que vous croiserez sûrement si vous vous penchez sur ce courant, et qui sont abordés dans le présent ouvrage.

Avec "A deed without a name", Lee Morgan offre une belle introduction à la sorcellerie traditionnelle ; elle aborde tous ses éléments de base ainsi que la perception du monde qui lui est associée, dans des chapitres courts et bien structurés, avec des sources abondamment citées - et qui, même si nombre d'entre elles sont des classiques, donneront malgré tout moult pistes de lecture pour la suite. Le livre me semble une bonne entrée en matière avant de plonger dans d'autres écrits, qu'ils soient l’œuvre d'auteurs occultes (je pense par exemple aux quelques écrits émanant du Clan of Tubal Cain ou du Cultus Sabbati), d'historiens ou d'anthropologues.

Ce que j'apprécie particulièrement, c'est que l'auteure ne reste pas accrochée au mythe idéalisé d'un ancien culte, ou à l'image sulfureuse mais souvent comprise de manière superficielle de la sorcière baisant le cul du diable ; elle n'a pas non plus la prétention d'affirmer que tout ce qui a été rapporté dans les procès de sorcellerie est vrai - ou faux, d'ailleurs. Lee Morgan apporte une analyse objective, bien documentée et bien argumentée qui nous permet d'aborder tous ces éléments avec un œil contemporain et critique, nous donne des clés pour les intégrer à nos propres pratiques, et surtout, nous forger NOS expériences, en écho constant avec celles d'autres praticiens et du regard des chercheurs sur le sujet.

Lee Morgan a le mérite de lever quelque peu le voile sur la sorcellerie traditionnelle, cette voie dont les initiés se montrent d'ordinaire si énigmatiques. Pas de langage codé ou de figures poétiques comme on en croisera chez Cochrane par exemple, mais ne nous leurrons pas : comme l'auteure le rappelle à plusieurs reprises, il ne suffit pas de lire un livre pour vivre ce qui y est rapporté, et ce qu'elle nous offre ne nous simplifiera pas nécessairement la tâche ; elle nous donnera cependant quelques repères pour nous lancer.

Ce livre n'est pas un grimoire ; vous y trouverez quelques sorts et rites en annexes, mais, et je pense que vous l'aurez compris, ça n'est absolument pas l'essentiel de ce que l'auteure a souhaité partager. Qu'importe : "a deed without a name" est un livre vers lequel je reviens régulièrement et qui infuse depuis sa première lecture l'ensemble de ma pratique. Je ne peux que vous encourager à y jeter un oeil, et surtout à prolonger votre lecture avec d'autres écrits issus de la sorcellerie traditionnelle, comme ceux  du Clan of Tubal Cain.



Down by the riverside

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J'ai toujours vécu à proximité d'une rivière. 


Enfant, celle qui passait derrière mon village marquait pour moi la frontière entre la civilisation et le monde sauvage. Dès que le temps le permettait, j'y errais pieds nus à ramasser des cailloux et à attraper des têtards ; sur ses berges, j'ai appris à reconnaître quelques arbres et plantes qui sont toujours parmi mes favoris. Croyez-moi, c'était le plus bel endroit sur terre.

Lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la Wicca, à la sorcellerie et aux néo-paganismes (dans un joyeux gloubi-boulga, oui oui ^^), comme c'est le cas pour beaucoup d'entre nous je pense, la méditation a été la première pratique vers laquelle je me suis tournée. Le hasard a fait que je déménage dans un faubourg de ma ville que je connaissais à peine, et à moins de 500 mètres de chez moi, alors que je vivais à côté d'un supermarché et au milieu d'immeubles plus gris les uns que les autres, coulait une autre rivière, miraculeusement coupée du tumulte urbain, au milieu de roseaux, d'aulnes et de saules (avec aussi quelques boulets qui venaient promener leur chien ou boire des bières, mais chhttttt, c'est déjà oublié) . Elles est devenue - ainsi que tout son environnement - une formidable alliée pour méditer pendant plusieurs années. Le bruit de l'eau, sa fraîcheur, ses reflets, sont autant d'éléments qui nettoient l'esprit et permettent de l'apaiser, le préparent et l'accompagnent dans un travail spirituel ... Je ne vous apprends rien :)

J'ai encore déménagé il y a un an, dans un village ; et là encore, la rivière est à deux pas. On se connaît déjà, c'est la même que la précédente, juste plus rurale (ya moins de boulets et encore plus de vert, hourra !).Ma pratique à ses côtés s'est encore développée au fil du temps, j'avais envie de partager ici à ce sujet. Je l'aime d'amour, je vous jure.



Tisser des liens

Rien de fou pour cela, soyez simplement sincère et patient. Pensez aux offrandes bien sûr ; mais surtout, passez du temps auprès d'elle. Apprenez à la connaître. Parlez-lui. Écoutez-la. Soyez attentif aux arbres et aux plantes qui la bordent, aux oiseaux et animaux qui les fréquentent. Chantez. Peut-être vous soufflera-t-elle son nom ... Pensez à lui glisser le vôtre :)

Nema, dans son ouvrage "Maat Magick" dont j'ai déjà traduit un extrait ici, propose un petit rituel qui s'adresse au Gange, et qui m'a inspiré quand j'ai commencé à travailler plus consciemment avec la rivière proche de chez moi :

"Oraison au Gange. J'utilise celle-ci dans toutes les circonstances où je suis au contact de l'eau, lorsque je bois, lorsque je me lave les mains, lorsque je lave ma vaisselle, mes vêtements, le sol... Quand je traverse un pont au-dessus d'une rivière ou d'un cours d'eau, quand je prends un bain ou une douche, quand je nage, etc.
"Salut à toi, ô Mère Gange, qui coule pour l'éternité autour du monde et retourne toujours à ta source. Purifie-nous alors que je te prie, dans le perpétuel rituel qu'est la vie. Hare hare Ganga."" [traduction personnelle]

Je ne me suis personnellement pas adressée au Gange mais directement au cours d'eau qui coulait près de chez moi ; comme bien souvent je ne me suis pas gênée pour adapter la forme ; quoiqu'il en soit, le fond est resté le même, et le travail constant et conscient avec l'élément aquatique, en lien avec "ma" rivière, a vraiment renforcé notre relation.


Pratiquer

Des choses simples, très simples... Mais j'ai mis du temps à les concevoir/percevoir, alors peut-être ces quelques idées pourront-elles vous inspirer !

* Méditation : Une de mes enseignantes de yoga compare toujours le flot de pensées à des nuages, qu'il faut apprendre à laisser passer dans son ciel intérieur sans les retenir, sans se focaliser dessus... Au bord de l'eau, je demande à la rivière de les emporter dans son cours. Le chant de l'eau facilite grandement le lâcher prise... Même si vous bloquez, le courant finit par être plus fort. Essayez, c'est magique :)
* Introspection : l'Esprit de ma rivière me montre un visage changeant ; il est parfois léger, parfois sombre, d'autre fois totalement insaisissable à première vue. J'ai mis du temps à comprendre qu'en réalité, la rivière agit pour moi comme un miroir ; ce que j'en perçois, le visage qu'elle choisit de revêtir, les visions qu'elle m'offre... me renvoient un reflet de moi-même, de mon état intérieur... Et son courant me dépouille de tout artifice superflu, me rendant plus "lisible"à mes propres yeux. Plongez votre regard dans l'eau et voyez ce qu'elle a à vous révéler. Chez vous, vous pourrez également utiliser un miroir que vous aurez lavé avec l'eau de la rivière.

* Purification : Asseyez-vous au bord de l'eau, déposez vos outils, pierres, bijoux dans le courant ; lavez vos mains, vos pieds... Comme vous le sentez, selon votre intention (après une longue marche ou avant un rituel elle ne sera pas forcément la même). Difficile de trouver plus simple comme mode d'emploi, non ? :) Gardez simplement à l'esprit, constamment, le mouvement de l'eau, qui emporte loin (loin, loin...) ce dont vous souhaitez être purifié. Ce type de purification me semble parfaitement indiqué avant un rite dans lequel on fera appel à des entités locales.

* Transformation : Observez l'eau de la rivière ; voyez comme elle s'adapte aux remous, franchit les obstacles, avec fluidité et dans un renouvellement constant. Elle poursuit sa route en dépit de tout, et adapte son flot à son environnement. La simple contemplation de ces phénomènes pourra vous inspirer dans votre propre avancée. Imprégnez-vous du mouvement perpétuel de l'eau ; utilisez-la en onction sur votre corps et demandez-lui de vous insuffler son pouvoir de transformation et d'adaptation, pour vous permettre de poursuivre votre cours ; baignez-y  vos talismans pour les charger de ces énergies mouvantes. Vous pouvez également rapporter une fiole chez vous pour vos travaux, mais attention : non seulement l'eau croupit facilement, mais surtout, enfermée de manière statique dans un bocal, elle perd de son tempérament ... A utiliser rapidement donc :)

* Bannissement : J'ai expérimenté à deux reprises un petit rite de bannissement qui s'est montré assez efficace (bien qu'aux conséquences un peu weird la seconde fois !) ; préparez une poudre de bannissement (pour ma part, j'ai utilisé un mélange de sel, d'ortie, d'épines de prunellier réduites en petits morceaux, de molène et d'achillée, mais les combinaisons peuvent être variées, fouillez sur le net pour trouver des idées) ; rendez vous au bord de la rivière, expliquez-lui ce dont vous souhaitez vous débarrasser et pourquoi, demandez-lui de vous aider. Pensez à présenter une offrande. Si votre demande est acceptée, procédez comme suit : tournez le dos à l'eau ; en tenant la poudre dans votre main, concentrez-vous sur ce que vous souhaitez bannir, nommez cette chose (travailler sur un sigil vocal et/ou visuel pourra être un bon préalable) et jetez en même temps la poudre dans l'eau, par-dessus votre épaule. Laissez s'éloigner ce qui doit partir. Remerciez la rivière et partez sans vous retourner.
Je suis sûre que pour la réalisation d'un vœu, d'un but à atteindre, la rivière pourra aussi se montrer une alliée précieuse. Je n'ai pas encore eu l'occasion de composer quelque chose dans ce goût-là mais j'éditerai l'article si le moment se présente ;)

* Libation : Daniel Schulke, dans son "Viridarium Umbris", suggère d'utiliser l'eau des rivières (ou de n'importe quel cours d'eau) en guise de libation, offerte au sol, avant toute pratique sorcière. Le fait qu'elle soit une eau mouvante ferait d'elle une libation toute indiquée - et plus le courant sera fort, mieux ce sera. Je ne l'ai pas encore fait, mais puisque je viens tout juste de le lire il y a quelques jours, je partage l'idée :) Elle me semble bien à propos dans un travail avec des esprits locaux.

Et juste parce que je l'ai toujours en tête au cours de mes balades...



Le houx : protection, défense et confiance

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Depuis quelques jours, les plantes de Mars font une belle ronde autour de moi. Avec elles, j'apprends beaucoup sur moi-même, mes colères, mes rancœurs et ma confiance parfois vacillante, mais aussi mes forces et mes aspirations ; sur ce qui me donne envie de me battre, à tort ou à raison, et sur ces combats que je dois mener - bien plus souvent contre moi-même (et les images que je construis) que contre qui que ce soit d'autre. Mais j'y reviendrai bientôt dans un article plus complet.

L'été dernier, j'ai fait un travail assez profond en compagnie du houx, dans le cadre de mon étude des oghams. C'est un arbre lié à Saturne, mais aussi à Mars. Ce matin, pendant mon footing, il m'a fait un clin d’œil bienvenu et a répondu à certaines de mes interrogations du moment. Je me suis dit qu'il pouvait être intéressant d'en parler ici, puisqu'il fait la transition entre mon premier article sur les influences planétaires de Saturne sur le règne végétal et le deuxième, en gestation donc, sur les plantes de Mars.


 De Saturne, le houx a la persistance, qu'il affiche même dans l'obscurité de la plus profonde forêt et au plus froid de l'hiver ; une certaine patience, et une lenteur, qui rendent son action presque anecdotique de prime abord, mais dont on reconnaît l'action en profondeur au bout de quelques semaines. Il pousse à l'introspection et rend attentif aux schémas répétitifs qui nous confinent dans certains rôles ou dans certaines émotions. Arbre solide, il agit par la base puis sur toute la structure en la renforçant et en l'affirmant jusqu'à la rendre inébranlable.

De Mars, il a la force, le courage, qu'il nous insuffle et nous pousse à mettre en action ; il détient aussi la connaissance des instincts les plus belliqueux, de la colère, du désir de vengeance, de la rancœur et de la jalousie ... Mais plutôt que de les attiser, grâce à sa nature double, il est là pour nous apprendre à les juguler et à les transmuter, pas pour faire de nous des Bisounours, mais pour sortir victorieux de notre combat, et de faire de ce dernier quelque chose de légitime, en harmonie avec le Monde. En somme, il fait de nous des guerriers, au sens noble - jamais sans oublier de nous confronter à des questions importantes : quel est le véritable combat que nous sommes amenés à mener ? que sommes-nous prêts à sacrifier pour sortir victorieux ? Et puis d'abord... Ça ressemble à quoi, dans notre cas précis, être victorieux ?

La rencontre des deux influences planétaires en font un excellent protecteur, à court terme comme à long terme ; pour moi, il est à la fois la lance et le bouclier ; il nous aide à rester bien campé sur nos deux pieds, nous emplit de confiance, et veille sur nous ; si besoin, il agira (et nous soufflera d'agir) au bon endroit, au bon moment, pas de manière explosive, mais clairement de manière efficace. C'est un guide sur lequel on peut s'appuyer, empli de sagesse, et qui la transmet avec justesse, jusque dans le maniement des armes. Un maître Jedi quoi.

Un truc dans le genre

Alors que faire avec Houx, pour la protection ?

* Une cure de fleurs de Bach. Même pour se protéger d'éléments "ennemis" extérieurs à soi, oui oui. Ça peut paraître couillon-fluffy voire totalement superflu lorsqu'on se sent agressé ("nan mais je vais pas tendre l'aut' joue quand même !!!" Allez, avouez), mais c'est rudement efficace, croyez-moi (et je ne pensais vraiment pas que ça allait tourner comme ça). Lorsqu'on vit mal une situation conflictuelle, agir sur sa propre condition est, je le pense désormais, le premier réflexe à avoir avant de commencer à songer à une quelconque offensive, merci Houx pour cette leçon. Pour ma part, la cure m'a libérée de certaines émotions, générées par des situations au cours desquelles je me sentais violemment agressée ; dès lors, toute tentation de rentrer dans le lard m'est passée, toute souffrance aussi... Et la guerre s'est désamorcée toute seule ... Détachement, confiance, ouverture du cœur toussa toussa. Pour encore plus de fluffy (mais avec des belles vérités dedans quand même), je vous conseille de jeter un oeil par .

* En attendant que les fleurs de Bach fassent leur boulot, on peut récolter des feuilles de houx, les sécher et les brûler en guise de fumigation pour exorcisme et protection... Paraît que les rebouteux alsaciens des temps passés le faisaient déjà :) Les baies pourront être ajoutées pour accentuer le tempérament martien, mais souvenez-vous qu'elles sont toxiques pour l'homme...

*  ... On peut aussi s'en faire un petit talisman qui ne fera jamais de mal glissé dans la poche à tout moment ...

* Enfin, une dernière idée piochée dans le "Viridarium Umbris" (oui encore lui !) : faire une décoction de feuilles de houx et, une fois refroidie, s'en oindre les mains, le visage... La préparation pourra également servir en aspersion, pour protéger un endroit de toute intrusion physique ou spirituelle. Pour un effet plus offensif, Daniel Schulke propose une variante qui accentuera les influences de Mars présentes dans la plante : préparer la décoction en gardant les baies en plus des feuilles, dans un récipient en fer, ou à défaut d'un tel récipient, ajouter des clous au moment de la préparation.

* Une telle décoction pourra vous servir à consacrer et à charger un talisman ; vous pouvez également l'utiliser pour oindre votre athamé avant un rituel de protection ou d'exorcisme.

Navaratri

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Texte d'Ara pour The Goddess Circle
Traduction et adaptation personnelles


Je ne veux pas être perdue dans l'amour ; je désire être trouvée.

Découverte, révélée, glorieusement, petit à petit ; esprit, corps, cœur et âme, révélés et révérés sous toutes leurs facettes.

J'aspire à voir mes chemins empruntés par un explorateur en quête d'un voyage profond vers l'amour, cet amour expérimenté à travers chaque découverte du divin.

Je ne veux pas être perdue dans l'amour ; je désire capituler pleinement, dans un saut porté par la volonté, et non m'y effondrer après avoir trébuché.

Je n'autoriserai à se tenir devant mon autel et dans mon temple intérieur que ceux qui sont présents, conscients et ouverts.

Je ne veux pas être perdue dans l'amour ; je désire l'embrasser complètement, sans peur, pure et parfaitement éveillée.



[Verhaxt !] 1er mai et Walpurgisnacht en Alsace

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Comme un peu partout en Europe, les traditions populaires autour du 1er mai et plus particulièrement de la nuit de Walpurgis, appelée Hexennacht (nuit des sorcières) sont importantes en Alsace. Il s'agissait essentiellement de rites visant à se protéger des forces du mal, mais l'amour et la fertilité de la terre et des femmes sont également des thématiques importantes. Il n'en reste toutefois plus aucune trace à ma connaissance, les fêtes du muguet et du travail ayant pris le pas au XXème siècle sur ces traditions anciennes.

Gérard Leser, dans son ouvrage "plantes, croyances et traditions en Alsace", fait mention d'un certain nombre de ces traditions, dont j'ai retenu les principales pour composer cet article.
 
Ainsi, dès le 30 avril, on faisait sonner les cloches afin de chasser les démons ; puis, ces cloches étaient consacrées à la Vierge Marie, l'ensemble du mois de mai lui étant dédié. Pendant la nuit, afin de protéger les maisons, les étables et leurs habitants, on aspergeait de l'eau bénite, et on faisait claquer les fouets dans l'air, afin de reproduire, disait-on, le bruissement du Saint-Esprit, das Brausen des heiligen Geistes. Les entrées des étables étaient ornées de jeunes bouleaux : on pensait qu'avant de pouvoir y entrer pour y jeter des maléfices, la sorcière se trouvait dans l'obligation de compter toutes les feuilles de l'arbre - ce qu'elle ne parvenait bien sûr pas à faire avant le lever du soleil, moment auquel elle se voyait obligée de disparaître. On plantait également du nerprun dans le fumier, toujours pour éloigner les mauvais sorts du bétail et de la ferme toute entière.

Pendant la nuit, les jeunes gens se rendaient en forêt et allaient couper des arbres verts, des "mais", en dialecte maie, essentiellement des jeunes sapins et des bouleaux. Cette coutume est attestée depuis le 13ème siècle. Un mai était planté devant la maison de l'élue de son cœur, ou devant la maison de quelqu'un à qui on veut manifester sa reconnaissance ; en revanche, les Schandmaie, mais de la honte, étaient destinés aux personnes qui avaient déplu. On ornait ces arbustes desséchés de chiffons, de pantoufles déchirées ou de bois puant ... Tandis que les maie étaient eux ornés de rubans et de décorations diverses.

Ces jeunes gens allaient également frapper les jeunes filles à l'aide de jeunes rameaux de noisetier, afin d'accroître leur fertilité. Cet acte porte le nom de fitze, dont dérive e Fitzer, quelqu'un qui réussit dans la vie, ou gfitzt, réussi.

Le premier mai était aussi l'occasion de voir des cortèges de fillettes et de jeunes filles défiler. On les appelait reines de mai, petites roses de mai, petites femmes de mai ;  décorées de feuilles, de fleurs, portant des arbustes ornés de rubans multicolores, elles passaient de maison en maison et récitaient ou chantaient des formulettes avant de réclamer un don.

Voici la traduction en français d'une de ces chansons :

"Le mois de Mai amène la forêt verte
Ainsi nous amenons les mais décorés de roses
Si vous ne voulez pas nous donner des œufs
Le putois vous prendra toutes les poules
Si vous ne voulez pas nous donner de beurre
La vache ne vous donnera plus de lait
Si vous ne voulez pas nous donner de farine
Le meunier en prendra la moitié
Le Mai, le Mai tourne trois fois
Ainsi nous conduisons le Mai décoré de roses."

Je ne peux m'empêcher, à tort ou à raison, d'entendre dans cette formule la voix du Petit Peuple qui menace de jouer des tours au commun des mortels s'il ne respecte pas la tradition de faire un don à la nature en échange de la fertilité de la terre retrouvée.

[Verhaxt !] La fée des larmes

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Cette légende a toujours compté parmi mes préférées du folklore alsacien. Je vous la rapporte telle que je l'ai découverte, enfant, dans "légendes d'Alsace" de Lucien Sittler.

Le Hohneck

"Il y a bien des années, un couple de marcaires [terme local désignant les fermiers] près du Hohneck eut une petite fille. C'était, comme on dit, "un enfant de dimanche", auquel les fées apportèrent au baptême de nombreux cadeaux. Ces fées habitaient dans les pentes rocheuses du Hohneck, qui tombent à pic vers le Frankenthal, et, la nuit, elles dansaient sur les vastes prairies du Kastelberg et du Hohneck jusque vers la Schlucht. La fée de la beauté donna à la petite fille son cadeau pour qu'elle fut belle un jour, la fée de la richesse lui promit de la combler de biens. Mais il y avait aussi la fée des larmes. Les parents crurent bien faire en lui interdisant l'entrée de la maison ; ils ne voulaient pas que l'enfant versât des larmes et fût malheureuse. En vain, la fée affirma que les larmes étaient nécessaires et souvent bien douces et qu'elles allégeaient le fardeau de la vie ; les marcaires ne voulurent rien entendre.

La jeune fille grandit et elle devint une demoiselle d'une beauté extraordinaire, comme on n'en avait jamais vue. Mais il lui manquait quelque chose : la douceur du sentiment. Son sourire était froid, jamais elle n'était touchée par quoi que ce fût. Un jour, le seigneur de Guirsberg, qui chassait sur les alpages, aperçut la jeune fille et s'éprit d'elle. Peu de semaines plus tard, le mariage fut célébré, et la fille des marcaires devint une châtelaine riche, admirée et célèbre.

Mais le bonheur ne dura pas longtemps. Le seigneur s'aperçut vite du manque de coeur et de sentiments profonds de sa femme. Bientôt, il commença à la délaisser, passa son temps à la chasse ou dans la compagnie joyeuse d'autres seigneurs. Sa femme se désespérait, mais elle ne pouvait pas pleurer. De même, elle se faisait détester par les serviteurs et les servantes, mais ne savait pas y remédier.

Elle souffrait toujours plus de cette situation dont elle se sentait elle-même responsable. A la fin, elle ne voulut pas vivre plus longtemps dans ces conditions affreuses. Elle courut au Fischboedle, ce beau petit lac au pied des Spitzkoepfe, pour s'y noyer. Mais à peine eut-elle mis le pied sur la berge que la fée des larmes sortit des ondes, et elle raconta à la pauvre jeune femme ce qui s'était passé lors de son baptême.

Le Fischboedle

- Les larmes te manquent, la douceur du cœur, la chaleur du sentiment. Et c'est pour cela que tu as dû tant souffrir. Mais cela suffit. Je t'offre maintenant le don que tes parents ont refusé pour toi, les larmes.

Elle toucha les yeux  de la jeune femme et disparut. La châtelaine rentra au château toute bouleversée et en proie à des sentiments indéfinissables qui lui déchiraient déchiraient le cœur. Et soudain les premières larmes jaillirent de ses yeux, et à son grand émerveillement, elles se transformèrent en perles brillantes. La nuit elle revit en songe la fée des larmes qui lui dit :
- Prends les perles, fais-en un collier et mets-le autour de ton cou. Demain ton mari reviendra au château. Il te verra, et tu l'embrasseras.

En effet, le seigneur de Guirsberg vint le lendemain au château. Lorsqu'il vit sa femme, il fut saisi d'étonnement, car il la trouvait entièrement changée. Sa beauté s'était enrichie d'un charme nouveau et mystérieux  qui l'attirait irrésistiblement. Et à partir de l'heure où la jeune femme avait reçu le don des larmes et en même temps celui de la compassion, de la pitié, de la bonté et de la douceur du cœur, le bonheur habita au château." 

Gérard Leser, folkloriste alsacien, nous conte sa version dialectale (mais sous-titrée en français ;) ) de la légende et nous emmène en balade dans les magnifiques décors où se déroule le récit :


Premier Sabbat Mondial contre Monsanto

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Je traduis et relaye une initiative croisée sur FB, découverte grâce à  Aura Blanca, qu'elle en soit remerciée. C'est ce soir ! Alors avant de regarder l'Eurovision, vous savez quoi faire ;)


Sabbat mondial contre Monsanto

La revanche de la Terre

La revanche des Sorcières

Ceci est un appel de la Terre, nous ne faisons que propager sa parole.



« Si la terre est empoisonnée, la Sorcellerie doit répliquer. »
Ceci est un appel à toutes les sorcières, magiciens, chaotes, wiccans, sorciers, cybershamans, technopaïens, ensorceleurs, mystiques, adeptes du new-age, psychonautes, et à tous types de pratiquants des arts magiques.
Une opportunité a émergé du Khaos. Une opportunité toute particulière de faire converger nos actions et nos voies, un même jour, qu’importe où nous sommes.
Ce jour est le 23ème. Le 23 mai.
Ce jour-là, une manifestation mondiale contre Monsanto aura lieu.

https://www.facebook.com/events/753961208032987/

Ce monstre transnational qui empoisonne la Terre partout où il étend son pouvoir n’a pas besoin d’être présenté plus longuement. Les preuves sont disponibles pour tous ceux qui souhaitent en avoir.
« La catastrophe actuelle est celle d’un monde qu’on a activement rendu inhabitable. Une sorte de dévastation méthodique de tout ce qui restait viable dans les relations entre les hommes et celles qu’ils entretiennent avec leurs environnements. Le capitalisme n’aurait pas triomphé sur toute la planète s'il n'avait pas eu recours à des techniques de pouvoir, particulièrement des techniques politiques […]. Ces techniques politiques du capitalisme consistent avant tout à briser tous les attachements à travers lesquels un groupe trouve le moyen de produire, en un même mouvement, les conditions de sa subsistance et de son existence. En séparant les communautés humaines d’innombrables choses – pierres et métaux, plantes, arbres qui ont un millier d’usages, dieux, djinns, animaux sauvages ou domestiqués, médecines et substances psychoactives, amulettes, machines, et tous les autres êtres qui coexistent avec les humains. 

En ruinant toute communauté, en séparant les groupes de leurs moyens d’existence et de la connaissance qui leur est liée, c’est la rationalité politique qui impose la marchandise comme le  médiateur de toute relation. Tout comme il fut nécessaire de liquider les sorcières – c’est-à-dire, par la même occasion, tout leur savoir médicinale et celui relatif au mouvement entre les mondes visible et invisible dont elles faisaient la promotion – aujourd’hui, ce sont les paysans à qui on fait renoncer à leur capacité à semer leurs propres semences, dans le désir inplacable de maintenir le joug des entreprises agricoles multinationales et autres organisations de politiques agricoles. »

Dans la lutte contre la désertification qui s’étend partout, détruisant les mondes et les liens résidant dans la vie libre, la sorcellerie et la magie ont toujours été présentes, car elles incarnent le réseau qui maintient ces liens dans la tapisserie des événements. Les histoires sont là, les mythes sont vivants dans la conscience collective. Nous réapproprier nos vies dépend de notre capacité à réclamer notre conscience, la conscience des liens et des relations qui embrassent la réalité, et la perception de leurs jeux. Dieux, elfes, nains, fées, dragons, sylphes, esprits de toutes choses vivantes, en tout lieu, élément, intention – tout est là, au-delà des barrières.

Et ils appellent. Pour reprendre leur place dans la vie. Attendre n’est plus une option envisageable. 

Nous ne cherchons pas à convaincre, ou à imposer une certaine vision. Nous propageons simplement la parole. L’étincelle. Le sang appelle.

Quiconque entend l’appel sait que cet appel vient de la Terre, des quatre coins de la terre. Oiseaux, abeilles, vents, insectes et vagues, animaux et ciel, éruptions volcaniques et tremblements de terre, tous propagent la parole.

Nous n’exposerons pas ici les chiffres, les preuves, la réalité de la désolation, l’écocide et ses conséquences. 

Peut-être viendront-ils frapper à votre porte. Tout comme n’importe qui d’autre.

La proposition que nous faisons est de diffuser quelques actions rituelles communes.

A la nouvelle lune, cinq jours avant le 23, un Sabbat Mondial Contre Monsanto aura lieu, et plus tard, le 23 mai, le jour de la marche mondiale, un autre Macumba global se composera de plusieurs actions mineures. Chacun peut réaliser ces actions en accord avec sa volonté, en les adaptant, en les partageant et en les reproduisant. 

Ceci est un appel à tous les mages, sorcières, psychonautes, psycho-hackers, mystiques, discordiens, à tous ceux qui préfèrent vivre libres qu’être contrôlés par l’esclavage de la monoculture, qui désirent soutenir cette semaine d’actions contre Monsanto de la manière qu’il leur convient.


Il y a une proposition pour la nouvelle lune, et plusieurs pour le 23. Que chacun fasse les choses selon sa volonté. L’idée est de canaliser toute l’énergie collective de la Marche Mondiale, la faisant résonner d’une même intention, et de l’activer, comme dans un rituel global.

Accordez-vous à cette énergie, projetez-la, lancez-la à travers la Marche Mondiale comme lors d’un Rituel Magick ; liez l’Intention collective et le Désir, à travers l’acte rituel symbolique de la marche, au niveau mondial ; déposez les armes de la magick dans les mains de l’Intention collective. Nous coordonnons l’usage de certains sigils afin de relier l’ensemble, et nous proposons  certains petits rituels simples pour accompagner les manifestations.

Le sigil-serviteur qui nous relie est appelé REVERDECER, Reverdissant ou Regermant.


Il est largement utilisé parmi les praticiens espagnols, comme un serviteur ouvert et viral ; de guérison et de libération ; semblable à un pissenlit sauvage qui pénètre le monde concret afin de disperser ses graines dans le vent ; comme la vie libre de la terre qui réclame sa place ; rendant sa place au sauvage et reconnectant ce qui a été séparé ; cette force naturelle qui nous guérit est la même force qui anime nos vies, une impulsion grandissante de la vie sauvage, une présence pleine et entière dans l’ici et maintenant, joueuse, pleine de joie. 

On utilisera aussi la Rune de l’Arbre Dragon, dont il a été fait usage avec succès depuis son élaboration par le Réseau Dragon en Grande-Bretagne, dans les années 90.




Les deux peuvent être dessinés ensemble, afin de former un sigil plus grand.

Ensuite, nous proposons certains rituels simples, populaires partout, afin de focaliser l’intention collective.


Il y a cette phrase :

« Nous détruisons ce qui nous détruit
Nous bannissons Monsanto de cette Terre. »

Qui peut servir à invoquer l’Intention collective. Nous avons aussi cette image, qui peut être utilisée au moment où la Gnose est atteinte, ou à tout moment du rituel choisi.


OCCUPY REALITY

L’idée est que tous ces rituels et événements peuvent être partagés, adaptés, modifiés et reproduits, gardant simplement certains éléments communs en guise de liens de sympathie, comme le Sigil REVERDECER, la Rune de l’Arbre Dragon, et certaines actions rituelles accessibles à quiconque souhaite s’y essayer, même sans importante connaissance préalable, et adaptable pour ceux qui ont une connaissance plus poussée.

Il y a un premier événement – qui doit encore être traduit [en anglais]
https://www.facebook.com/events/1582598298661632/

Et un autre, qui n’a pas encore été traduit non plus [en anglais]

L’idée est que chacun ajoute, réplique, change, propage, partage, et apporte ses propres armes, au service d’une intention commune.

Utilisons les armes vieilles de plusieurs milliers d’années de la sorcellerie populaire, mais aussi les techniques de l’ennemi – média, marketing viral, messages subliminaux, memes, etc.

Pendant des siècles, le pouvoir de la sorcellerie populaire a été renié et rejeté loin de la réalité consensuelle. Les sorcières, comme les peuples indigènes, ont été tellement réprimés par la monoculture dominante que leur existence, leur réalité, a été déniée. Exilées loin de la réalité imposée – ce désenchantement du monde. Nous nous réapproprierons nos vies et nos terres à travers nos corps et notre conscience.

RECLAIM YOUR MIND

Premier Sabbat Mondial Contre Monsanto

Notre première rencontre rituel aura lieu la nuit, liée par l’Intention Commune de frapper ce qui détruit la Vie et Son réseau sacré ; comme cela a toujours été le cas depuis l’aube des temps – et maintenant, en cette nuit de Nouvelle (ou Noire) Lune, le Sabbat éternel s’élève à nouveau, se rebellant contre les pouvoirs qui s’en prennent à la vie libre, communiant avec la Terre et Ses forces, avec Satan et Féérie, avec les elfes, les plantes, les animaux, les vents, avec l’Intelligence Collective de la Vie, l’ADN, le Réseau qui relie toute chose. 

Nous utiliserons la Baguette, la Pierre ou l’Arme Magique de notre choix pour focaliser notre Volonté aiguisée. Une coupe de vin ou d’eau, de préférence d’une source ou de la mer.

Si c’est possible, soyez au milieu de la nature, auprès d’un feu – autrement, tenez-vous dans votre  espace sacré/rituel, ou dans tout autre lieu fortement porteur de sens, avec une bougie, de préférence noire ou verte.
Ouvrez le rituel avec un rite de bannissement / une ablution / un bain purifiant. Saluez Kaos et Eris, faites preuve de gratitude pour cette opportunité de réaliser la Volonté de la Vie Libre et de frapper l’Ennemi, remerciez-les pour leur protection dans la guerre magique qui vous oppose aux archons. (C’était Eris elle-même, après tout, qui nous présenta l’information qui donna naissance à tout cela – et nous savons combien elle n’aime pas être exclue d’une fête sympa !)

Evoquez Pan. Cela peut tout à fait être remplacé par un appel à Prométhée/Baphomet/l’Homme Vert/Satan/le Dragon/les Elfes. Il a un aspect  Trickster, mais aussi des qualités liées à la Terre qui nous permettront de canaliser notre Intention à partir de notre Volonté/Conscience pour la diriger vers l’Intention Collective, celle de la Terre, et à travers la Terre elle-même pour atteindre sa cible.

Chargez la Rune de l’Arbre Dragon ou le sigil REVERDECER, si possible à travers l’orgasme ou l’usage de Plantes Maîtresses. Offrez le sigil à l’archétype choisi. Exprimez le désir d’amener notre Intention vers la Conscience de la Terre, la Déesse, afin que la conduite destructrice de l’ennemi se retourne contre lui ; qu’il s’attaque lui-même à travers la Terre et la population ; que la cohérence de la Nature et du cycle de vie libre soit restaurée ; puissent les conséquences de leurs actions ne plus être repoussées et puissent-ils en être frappés de toute la force possible.

Nous offrirons notre intention sincère en brûlant le logo de Monsanto – en le jetant au feu ou en le brûlant à la flamme d’une bougie. Un autre exemplaire de ce logo sera placé dans un sac, qui sera ensuite rempli de sel, de poivre et d’asafoetida, puis scellé et placé dans un congélateur. Murmurez la formule de destruction de Monsanto – « Nous détruisons ce qui nous détruit. Nous bannissons Monsanto de cette Terre. »

Appelez la Terre afin de Lui montrer votre gratitude, car Elle est la source de tout ce que nous sommes. Communiez avec la Déesse. Nous proposons l’Orgasme, le Pacte de Sang, un simple appel, une libation partagée grâce à la coupe. Ce qui est important est de faire un appel honnête, aussi empli d’extase et de ferveur que possible, à travers le nom et la forme qui vous sont les plus proches. Exprimez votre intention spontanément, de vive voix ou en silence.

En guise d’offrande finale, plantez une bombe de graines en argile avec la Rune de l’Arbre Dragon ou le sigil REVERDECER gravé dessus, réalisée selon les enseignements d’agriculture naturelle de Fukuoka.

En conscience, nous disons ensuite adieu à la Terre.Toujours dans un état de profonde gratitude. Vous n’avez pas besoin de la bannir, puisque c’est précisément de Son bannissement qu’est né l’écocide que nous lui faisons subir et la prédation matérialiste de Monsanto – totalement à contre-courant, lâchons prise et laissons-nous pénétrer par la conscience de la Terre. Sa Présence Pleine et Entière. Gratitude.

Puis, faites selon votre Volonté, et « let it be ».

Salut ! Et ré-ensauvagez !

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